On a testé le BHNS de Lens-Liévin en région d'Artois

Publié le 10 mars 2020
Rédigé par 
franco.meggetto

A Lens, le BHNS fait doubler la fréquentation des transports en commun

 

Le Bus à Haut Niveau de Service, BHNS pour les intimes, est cet important projet qui vise à équiper la N5 de Loverval à Charleroi et la RN53 de Bomerée à la gare, d’une ligne de bus d’un confort inédit et de cadences efficaces afin de convaincre un nouveau public d’utiliser les transports en commun et ainsi désengorger un centre-ville proche de la saturation.

Après des réunions d’information, après des séances de concertation avec les riverains les plus impliqués, notre échevin en charge de la mobilité, Xavier Desgain, a décidé de poursuivre dans la voie de la participation et de l’écoute citoyenne, en invitant un panel de riverains, commerçants et autres forces vives, à un voyage d’étude dans le Nord de la France, en région d’Artois pour être plus précis, à Lens et Liévin pour l’être encore plus.

Dans cette région, au tissu social fort similaire à celui de Charleroi d’ailleurs, un BHNS a justement été mis en service il y a près d’un an, après plusieurs années d’études en tout genre et deux années de travaux  au mois d’avril dernier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela fonctionne. En moins d’un an, la fréquentation des transports en commun a explosé, elle a augmenté de 130%. Même si la région n’est pas vraiment connue pour son haut taux d’utilisation des transports en commun (on est autour de 2% de part modale), cela reste un succès et les objectifs qui visaient à doubler cette fréquentation devraient être atteints voire rapidement dépassés.

 

Les recettes du succès

 

Le but de ce voyage d’études était donc d’aller chercher sur place, les recettes du succès. La délégation carolo, forte d’une quarantaine de personnes invitées par Xavier Desgain, a ainsi pu rencontrer tous les promoteurs du BHNS de Lens-Liévin.

Ce dernier couvre un territoire de près de 1.000 kilomètres carrés et traverse une bonne quarantaine de municipalités (il n’y a pas eu de fusion des communes en France) ; plus de 110 kilomètres de voies ont été installés avec des rénovations parfois légères, parfois très importantes, pour un budget qui frôle le demi-milliard ‘euros.  A Charleroi, le projet concerne 11 kilomètres de voiries qui doivent être entièrement refondées de façade à façade, avec un maximum de site propre mais avec surtout un tissu urbain différent : contrairement à la configuration française, le projet carolo concerne une métropole, pas une mosaïque de petites communes et les flux de voitures actuels y sont bien supérieurs à ceux de Lens et Liévin.

Au-delà des différences, il était question lors de ce voyage, de rechercher les facteurs de réussite et de succès. Première constatation, il était évident à Lens que la part modale de transports en commun devait être augmentée. Des lignes de bus attractives, confortables, avec des cadences intéressantes, des tarifs accessibles étaient considérées comme des évidences dans ce contexte.

La résistance au changement, les craintes des riverains et des commerçants devaient faire l’objet de toute l’attention des pouvoirs publics et des promoteurs du projet. Un accompagnement efficace des travaux devait être mis sur pied avec un volet concertation et communication particulièrement soigné.

 

Concertation et dialogue

 

La prise en compte de ces facteurs a entraîné la réussite du projet lensois. Xavier Desgain a la ferme intention de s’appuyer lui-aussi sur la concertation et la participation citoyenne pour faire du BHNS un succès. Les promoteurs lensois n’en ont pas fait mystère : la période de travaux reste difficile pour tout le monde mais le système mis sur pied en termes d’information-concertation, avec des équipes d’ambassadeurs, identifiables et constamment sur le terrain pour faire remonter les informations auprès des responsables des travaux, a permis de résoudre bien des problèmes et d’atténuer bien des tensions.

Mais comme le disait le responsable du syndicat mixte des transports de Lens, grand responsable du BHNS, « l’intérêt public n’est pas la somme des intérêts particuliers et il est impossible de satisfaire tout le monde sur un tel projet tant les intérêts des uns sont parfois en contradiction avec ceux des autres ».

Le projet de Lens-Liévin  a au moins prouvé à tous qu’un projet de BHNS qui implique de grands travaux et nécessite dans le chef des usagers et des riverains, de nouvelles habitudes de stationnements et de déplacements, peut, en peu de temps, moins d’un an ici en l’occurrence, se transformer en succès, qui plus est inclusif puisque les personnes à mobilité réduite, sont les grandes gagnantes de ce système de transports publics, qui a été étudié pour répondre à leurs besoins spécifiques.

Les participants à ce voyage d’étude ne sont certes pas tous revenus convaincus par le projet de BHNS carolo : il reste des pierres d’achoppement dans ce dossier mais la volonté de dialogue et de transparence de l’échevin de la Mobilité, ne peuvent être mise en cause, de nombreux participants l’ont d’ailleurs félicité de cette initiative au retour en terres sambriennes.